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Séisme dans l'est de la France

carte
 

Une secousse sismique d'une magnitude de 5,4 degrés a été nettement ressentie peu après 21h45 dans l'est de la France, en région parisienne et en région lyonnaise. Son épicentre était situé à proximité de Saint-Dié (Vosges).

Mis en ligne le 22 février 2003

 

Le séisme qui a secoué le grand Est de la France samedi soir a provoqué une vague d'inquiétude dans la population, de nombreuses personnes ayant cru à un attentat dans un contexte international troublé, entraînant un déluge d'appels auprès des pompiers.

 

L'épicentre de ce tremblement de terre, qui a touché une trentaine de départements mais qui n'a fait aucune victime, s'est produit à 21H41 locales (20H41 GMT) et a été localisé à 48,34 degrés de latitude nord et 6,66 degrés de longitude est, vers Saint-Dié dans les Vosges

"Certains nous ont assuré qu'il s'agissait d'un attentat ou d'une explosion. Nous leur avons simplement expliqué qu'il s'agissait d'un petit tremblement de terre et que tout allait aller rentrer dans l'ordre", rapporte un officier des pompiers de Paris.

 Corine François, 25 ans, habitante du 20e arrondissement parisien, avoue avoir immédiatement pensé à une attaque. "J'abite au 15e étage d'une tour et j'ai ressenti comme un basculement. Ca n'a pas duré bien longtemps mais j'ai tout de suite cru que c'était une explosion ou un attentat, avec tout ce qui se passe à la télé sur l'Irak et compagnie", dit-elle.

 

"Un séisme significatif"

 

La secousse a été suffisante pour que des objets tombent au sol dans les logements, notamment à Strasbourg. Dans de nombreuses villes, des habitants sont sortis rapidement de leurs immeubles, même si aucune panique générale n'a été enregistrée. A Rambervillers, près de l'épicentre, la population a été "très choquée" mais aucun dégât n'a été signalé, selon Pascal Soyeur, adjoint au maire de cette localité.

"La secousse a été très forte et beaucoup de gens se sont précipités dehors, d'autant que certains ont eu la mauvaise idée d'appeler à l'évacuation générale", ajoute-t-il. Samuel Aponté, 60 ans, journaliste habitant Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), rapporte également avoir "eu peur".

"J'étais devant la télévision lorsque j'ai ressenti comme un balancement latéral. J'ai eu l'impression que ça a duré longtemps mais en réalité je pense que ça ne pas duré plus qu'une poignée de secondes", dit-il.

Le séisme de samedi soir a également touché les régions allemandes et suisses proches de la frontière français. "Il s'agit d'un séisme significatif au niveau du territoire métropolitain français", estime le sismologue Michel Granet de l'Observatoire des Sciences de la terre.

Carte de localisation:

 

Article du 24/02 "Le Monde"

Un séisme de magnitude 5,4 a fait trembler le quart nord-est de la France samedi 22 février
Le tremblement de terre a duré une dizaine de secondes. Son épicentre était situé près de Saint-Dié-des-Vosges, il a été ressenti jusqu'à Paris mais n'a provoqué que peu de dégâts.
Saint-Dié-des-Vosges de notre correspondante

Un grondement sourd venu des entrailles de la terre, suivi d'un coup de tonnerre sec, et d'une secousse importante. C'est ce qu'ont ressenti les Vosgiens, samedi 22 février, pendant près de dix longues secondes. Il était 21 h 42, et la région située entre Saint-Dié-des-Vosges et Rambervillers (Vosges) venait d'être touchée par un séisme de magnitude 5,4 sur l'échelle de Richter.

Près d'un quart de la France a été secouée par ce tremblement de terre, qui n'a pas fait de victimes et assez peu de dégâts, mais a surpris par l'étendue de la zone touchée. De Strasbourg à Lille et jusqu'à Paris, Orléans et Chambéry, la secousse a été très nettement ressentie dans une quarantaine de départements, ainsi que dans les régions frontalières de Suisse et d'Allemagne. Partout, les pompiers, gendarmes et policiers ont été submergés d'appels provenant d'habitants inquiets.

Dans les Vosges, le séisme a déclenché des scènes de panique. Dans les quartiers populaires d'Epinal et de Saint-Dié, les locataires des tours HLM, effrayés par la secousse amplifiée dans les derniers étages, se sont précipités dehors, emitouflés dans des couvertures. Le réseau de téléphonie mobile a été rapidement saturé et les secours débordés. Dans la soirée, la préfecture d'Epinal mettait en place une cellule de crise.

Tout au long de la nuit de samedi et de la journée de dimanche, les spécialistes du réseau national de surveillance sismique basé à Strasbourg ont enregistré de petites répliques régulières, avec un pic de 3,1 sur l'échelle de Richter à 5 h 55 du matin.

MAISONS FISSURÉES

Malgré l'importance du séisme, les dégâts sont limités. Dimanche soir, trois maisons fissurées avaient été évacuées et les familles relogées dans la zone proche de l'épicentre, à Frémifontaine, Ménil sur Bellevitte et La Neuveville sous Châtenois (Vosges). Les sapeurs-pompiers sont intervenus tout au long de la journée pour sécuriser des cheminées qui menaçaient de s'effondrer dans l'ensemble du secteur touché. A Nompatelize, commune de 500 habitants située entre Saint-Dié et Rambervillers, quarante-huit enfants et leurs accompagnateurs, qui venaient d'arriver dans la région pour les vacances, ont du être relogés, par précaution, dans la salle polyvalente du village.

A Nancy (Meurthe-et-Moselle) certains habitants, apeurés, sont descendus dans la rue. Les pompiers ont effectué une vingtaine d'interventions dans la localité de Baccarat, où des cheminées se sont effrondrées. "Il a fallu gérer des phénomènes d'affolement. La secousse s'est produite à une heure où les gens ne dormaient pas. La plupart regardaient la télé, ils ont donc nettement senti les vibrations", explique la préfecture.

A Colmar (Haut-Rhin), l'élargissement de fissures dans les murs d'une tour HLM de quatorze étages a déclenché l'évacuation d'une cinquantaine de familles. Par ailleurs, des gravats de béton sont tombés du clocher d'une église.

STRAUSS INTERROMPU

A Strasbourg (Bas-Rhin), plus d'un millier de personnes ont quitté, sans panique, la salle de l'Opéra du Rhin au beau milieu d'une représentation d'Arabella, de Richard Strauss. La secousse a également été ressentie dans les salles de cinéma."J'ai senti la rangée de sièges bouger. Au début j'ai cru qu'on la poussait avec les pieds. Puis j'ai pensé à un léger tremblement de terre ou à une explosion dans l'agglomération", témoigne un spectateur du multiplexe UGC Ciné-Cité.

Même à Paris, pourtant située à 350 km de l'épicentre, de très nombreux habitants ont perçu la secousse. "J'ai ressenti comme un basculement. Ça n'a pas duré bien longtemps mais j'ai tout de suite cru que c'était une explosion ou un attentat", a raconté à l'AFP une habitante d'une tour dans l'est de la capitale.

De faible amplitude par rapport aux grands séismes mondiaux, le tremblement de terre de samedi représente un événement significatif à l'échelle française. Dans notre pays, on ne compte pas plus de dix à vingt séismes de magnitude 5 par siècle, alors qu'on y dénombre chaque année une vingtaine de tremblements de terre de magnitude supérieure à 3,5. "Par sa magnitude, le tremblement de terre d'aujourd'hui est important pour le territoire métropolitain", explique Michel Granet, directeur de l'Institut de physique du globe de Strasbourg. En 1984, une secousse de 4,4 degrés sur l'échelle de Richter avait déjà secoué la région de Remiremont, dans les Vosges, connue pour sa sismicité.

Le dernier séisme comparable en France, d'une magnitude de 5,4, date du 30 septembre 2002. Localisé en Bretagne, il avait été ressenti dans toute la région et en Mayenne. Le territoire français est traversé par des failles actives très anciennes, qui peuvent être réactivées sous le jeu des contraintes tectoniques. Le problème est que "nous n'avons pas une bonne connaissance des failles actives susceptibles de générer des séismes majeurs dans notre pays", explique Michel Granet.